Blogue : Découverte imprévue : destination ravissante

par Robert Pajot, Chef de projet, Régénération, Fiducie nationale du Canada

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Blogue : Découverte imprévue : destination ravissante
Une destination n’est pas ravissante simplement parce qu’elle est unique en son genre, mais parce qu’elle nous touche, d’une façon bien personnelle. Avec les années, j’en suis venu à comprendre qu’au-delà des aspects historiques et culturels qui m’attirent à un site, il y a quelques autres éléments qui rendent un lieu véritablement ravissant. Pour moi, un site modeste qui me fait vivre une expérience aussi spéciale qu’inattendue l’emporte presque toujours sur une destination fabuleuse. Il ne faut donc pas s’étonner que je sois un bourlingueur de la vieille école : pas de GPS, seulement quelques cartes routières et tout le temps voulu pour faire des haltes et parfois bifurquer en faveur d’une route invitante. Découvrir des lieux historiques cachés et rencontrer les gens qui les soignent, voilà ce qu’il y a de mieux dans tout voyage. L’autre facteur essentiel est de bien manger. En ce qui me concerne, un estomac comblé rend toute expérience mémorable. Ainsi, la découverte de la rive sud du Saint-Laurent à l’est de Québec a été une révélation. Un magnifique paysage culturel s’étend le long de la route 132, avec vues saisissantes sur le fleuve et sur les montagnes au nord. Le trajet est ponctué par des clochers d’église et les distances se mesurent selon les étroites parcelles des concessions seigneuriales. La riche histoire de la région est omniprésente et, pour ne rien gâcher, les restaurants et cafés servent des produits locaux mettant en valeur la créativité et le savoir-faire de leurs cuisiniers. Dans cette première exploration routière, j’ai découvert ce qui est devenu une escale obligée, dans le hameau de Saint-Roch-des-Aulnaies : un moulin historique et sa boulangerie. Le saisissant manoir victorien, œuvre de Charles Baillargé, est une destination en soi. Mais c’est le moulin et la boulangerie qui m’ont immédiatement séduit. Voilà 300 ans qu’il y a ici un moulin à grain, depuis l’époque où le seigneur était tenu d’en mettre un au service de ses tenanciers. Les murs de pierre du moulin d’aujourd’hui ont été érigés en 1842, et ses meules massives n’ont jamais cessé de tourner. La visite du moulin éveille tous les sens : il y a le grondement de la roue à aubes qui actionne les meules, le doux arôme de grain fraîchement moulu qui se répand et la fine couche de farine qui recouvre chaque surface. Il est réconfortant de constater que cette technologie simple et durable continue de contribuer à l’économie locale. Le moulin ne moud que des grains biologiques des fermiers des environs, et il fournit une farine très recherchée aux boulangeries artisanales de la région de Québec. Et, bien sûr, il y a le restaurant et boulangerie de la seigneurie. J’aime beaucoup faire de nouvelles découvertes surprenantes quand je me mets en route, mais je réserve aussi du temps pour les lieux auxquels je me suis attaché. Et quand je me rends dans ce coin du Québec, je garde toujours de la place dans le coffre pour quelques sacs de farine fraîche, et un peu d’appétit pour quelques pâtisseries. Cette année pendant la Semaine du patrimoine, nous célébrons le formidable éventail de destinations ravissantes de notre pays. Pour ma part, la Seigneurie-des-Aulnaies pourrait en être la vedette : c’est un lieu profondément historique qui continue de jouer son rôle dans sa communauté régionale (et puis il y a ces succulentes brioches à la cannelle!).